Dans cette belle région, il y aurait aussi encore plein de choses à voir et à faire mais faut bien
continuer un peu
Sauf que d'avancer, nous allons reculer
Oui, nous repasserons par les beaux vignobles qui produisent le Prosecco pour retourner sur le Monte Grappa
à 50 kms plein Ouest
Gégé veut absolument voir de plus près le mémorial érigé en 1935 par Mussolini et Victor Emmanuel II
en l'honneur des 12000 soldats autrichiens et autant d'italiens morts dans la région lors des batailles de 1917-18 en plein hiver
Nous l'avons vu sur des cartes postales et il semble énorme, difficilement imaginable
La Strada Provinciale de plus de 30kms qui nous y mène et qui grimpe de façon vertigineuse
de 300 à près de 1780 m. d'altitude dans une succession de 28 "tornanti" est un pur bonheur !
Si l'on compte la descente vers le côté nord faite il y a quelques jours, ce ne sont pas moins
de 55-60 kms de virages serrés, en épingles, en dévers qui attendent les motards, les cyclistes, les randonneurs
et les touristes qui se retrouvent là-haut
Un troupeau d'ânes bloque la route et il nous faudra patienter un peu avant qu'ils ne daignent s'écarter
Alors que nous sommes sur le point d'arriver au bout, un brouillard épais nous tombe dessus
Tellement épais que nous ne verrons pas le mémorial qui est pourtant juste devant nous
Nous prenons notre mal en patience en allant discuter avec cet italien
possesseur d'une Morini 350 Kanguru achetée neuve à l'époque et
entièrement d'origine
Il y a également cette belle Moto-Guzzi qui n'a pas perdu la moindre goutte d'huile
durant tout le temps qu'elle était garée là
Après notre repas au refuge et un pichet de vin pour nous réchauffer,
nous remarquons que nos Cagiva font encore une fois l'objet d'admiration sur le parking
Le ciel s'est enfin un peu dégagé et nous devinons les paysages alentours
Nous grimpons les escaliers pour nous rapprocher du mémorial qui au loin enfin, se dévoile
et c'est vrai qu'il est impressionnant
Sur plusieurs niveaux, tout en arc de cercle, les tombes des soldats
d'un côté les italiens, de l'autre, les autrichiens et hongrois
C'est un des rares endroits où ces drapeaux se côtoient...
et où des "ennemis" partagent la même sépulture, symbolique très forte
Avant de repartir vers le nord et Belluno, en route vers les Dolomites, j'ai repéré
quelques pistes sur la carte et je demande à Gégé de nous y emmener et
comme il ne peut rien me refuser....
Et question pistes, on n'a pas été déçus puisque nous avons abordé les parties les plus
hard de notre périple
Mais nous nous y sommes retrouvés un peu par erreur
Sur un grand parking à l'entrée d'un chemin forestier, beaucoup d'agitation et de VTT
On nous explique qu'une course va démarrer d'ici 30 mn, que nous pouvons y aller
mais de suite, sans attendre et surtout sans faire demi-tour
Si nous devions nous tromper, il nous faudra impérativement attendre 2 heures que la course VTT soit finie
Nous avons pris le début de l'itinéraire de la course
et après un bout de temps, Gégé se rend compte que nous nous sommes trompés
Plus question de faire demi-tour, ni d'attendre 2 heures
Nous continuons et rencontrons 2 randonneurs super sympas qui nous expliquent
par où aller pour nous sortir de là
En continuant ce chemin qui a l'air tranquillou comme tout, nous allons déboucher
sur le plateau où nous sommes déjà passés il y a quelques jours
Il nous suffira alors de redescendre de l'autre côté, facile !
C'était pas l'objectif du jour mais tant pis
Merci beaucoup pour le tuyau, on y va
Après 500 mètres, une famille trempe ses pieds dans la rivière qui descend de la montagne
La mère secoue la tête de droite à gauche en nous voyant passer
Je comprendrais très vite pourquoi
Rapidement ça se met à grimper, y a de la pavasse par terre pas des petits cailloux,
des virages se succèdent sans visibilité, des ornières
Je prie pour ne pas croiser des randonneurs
Y aura toujours moyen de freiner brutalement mais pas sûre de maintenir la moto debout à l'arrêt
Je peste dans mon casque, tout mon petit répertoire des gros mots y passe,
je serre les dents, supplie mon bifaro de ne pas me lâcher,
ça bouillonne dans mon crâne et mon coeur menace d'exploser
Nos motos sont évidemment chargées de tous nos bagages et pourtant
elles y vont de toutes leurs tripes, sans broncher elles nous amènent jusqu'en haut après une lutte acharnée
A tel point qu'on ne pouvait pas s'arrêter pour prendre des photos
parce-qu'on n'aurait pas pu repartir
Je ne sais pas quelle distance nous avons parcouru comme ça mais ça a duré une éternité
Nous avons pris une bonne suée, il nous faudra reprendre nos esprits et nous calmer avant de continuer
et moi il faut que je récupère mes bras que j'ai du perdre en cours de route
Même Gégé a bataillé là-dedans
Je ne peux m'empêcher de remercier mon éléfant qui est épatant, une vraie brave bête
Par contre, les randonneurs, qui nous ont expédiés là-dedans, ils ne sont pas posé la question
de savoir si on allait y arriver où pas
Même pas le moindre petit avertissement sur ce qui nous attendait mais ce n'est pas étonnant
de la part d'italiens.
Quand tu vois les pistes défoncées où ils vont se promener avec leurs bagnoles qui ne sont pas des 4x4
plus rien ne t'étonne
Et honnêtement, après on était super contents de l'avoir fait YYYEEEEESSSSS
Merci, merci
Sans compter que je préferais la faire en montée qu'en descente
Va falloir y retourner pour prendre des photos, hein

La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle qu'on ne tente pas - P.E Victor