Jour 3:
Après une nuit médiocre (en même temps on s'en doutait, et Pierre qui a une bonne expérience des ferries surtout pour l'Afrique, nous a dit que encore ça allait, car quand tu va au Maroc ou en Tunisie, c'est un vrai souk sur le bateau, les couloirs sont blindés, faut passer par au dessus les gens pour avancer), lumière constamment allumée, ascenseur à proximité, bruit et vibrations du bateau, donc peu récupératrice, on se réveille vers 6 h la tête dans le cul
Afin de remédier à cela, on va se jeter un café dans la cafette, par les hublots on aperçoit des lumières, on approche d'une terre, le jour se lève doucement et elle apparait ..... c'est bien elle, c'est Bastia !

Le ferrie va manœuvrer pour aller se mettre à quai avec ses potes
Notez le beau nuages de mazout, et on vient nous faire chier pour nos meules/caisses trop vieilles ..........

Il est 7h00 précise comme annoncé, nickel Corsica Ferries
C'est pas tout mais on a la dalle, et un autre café sera nécessaire car celui du ferrie n'était pas terrible et le prix l'a rendu encore plus amer
Ne voulant pas dès le matin se perdre dans la ville, on décide de tirer de suite par la côte légèrement vers le nord et de trouver un village pour petit déjeuner, ravitailler pour le midi et aussi trouver un moyen de renforcer mon sélecteur qui présente de signe de faiblesse et risque de me lâcher
C'est a Erbalunga que l'on trouvera un bon café en terrasse avec croissants et pains au chocolat, a cette même terrasse, on en profite pour écouter les discussions des anciens qui refont le monde mais dans un dialecte pas toujours compréhensible pour nous, on reconnait tout de même quelques expressions, mais surtout, l’intonation, l'accent ........ l'ambiance est posée, on est bien en Corse
Juste à côté du café se trouve une supérette (on constatera tout au long du voyage qu'il y en a beaucoup, même dans les tous petits villages souvent Spar ou Casino est installé, c'est très pratique, chose qui s'est un peu perdu sur le continent

) de suite on s'approvisionne en eau et bouffe et j'en profite pour demander s'il y a un garagiste ou un ferronnier quelque part pas loin, on m'indique un garage à l'entrée du bled qu’effectivement javais aperçu en passant.
On s'y rend, le patron est occupé, je patiente, hors de question de s'imposer, on est en Corse alors attention

. Au bout de dix bonnes minutes il vient me voir et je lui explique l'histoire de mon sélecteur, et là je vois à sa tête que ça risque d'être compliqué et effectivement il peut le faire mais que là il a pas du tout le temps

. Je fais le forçing en lui disant que s'il me prête son poste à souder et un bout de ferraille je peu le faire moi même (j'ai ptet pris un risque

) ce à quoi il me répond qu'il n'y a aucun problème

. Une demi-heure après c'est renforcé

je vais le voir en le remerciant et lui demander combien je lui dois

Il me dis rien du tout ! Qu'il est motard aussi et qu'il est content que je puisse continuer mon périple sans me soucier de ce sélecteur. Je lui tends tout de même un billet qu'il refusera catégoriquement

Première rencontre sympathique et généreuse, les Corses ne sont-ils pas pourtant ces êtres froids et fermés ?
Pendant ce temps le Pierro papote avec la femme du patron (là c'est ptet lui qui prend un risque

) qui nous indique une piste qu'elle faisait en 4x4, on regarde sur la carte, ça tombe bien c'est celle que j'avais repéré
C'est parti, on reprend la cote jusqu'à Marine de Sisco pour bifurquer vers l'ouest et trouver un peu plus loin dans les collines le départ de la piste qui part dans les montagnes, elle est large que de la caillasse, assez roulante ......... pour le moment

Rapidement une première difficulté se pose devant nous, il y a eu beaucoup de pluie l'an passé en Corse, et la piste est défoncée, elle s'est effondrée, des hollandais en 4x4 n'osent pas pas passer et font demi-tour.
Il faut descendre entre des rochers et remonter ensuite un coup de cul bien raid de bien 10 mètres dénivelé en évitant les gros cailloux ! Ca commence bien, si c'est ça tout le long

Pas évident avec la meule chargée.
Pierre se lance ...... et se loupe sans bobo

il perd équilibre sur un rocher, et l'XT a beau être bas, compte tenu du dévers la moto se pose par terre.
Là c'est dans le trou avant d'attaquer la grimpette, j'ai que cette photo, pas pensé à dégainer l'APN

On l'aide à repartir en poussant la moto dans le raidillon et ça passe. J'y vais, je descends gentiment dans le trou et positionne pour attaquer le montée, go ! le bif passe les grosses pavasses puis arrive à trouver de la motricité, je l'aide un peu avec mes guiboles et en jouant un peu de l’embrayage car c'est raide et il faut relancer un peu le moulin, mais j'arrive en haut sans grande difficulté
Le Kévin y va à son tour, l'AT monte bien mais patine un peu plus, avec ses 1m94 et cent kilo, son 46 ou 47 fillette, il pédale au sol et arrive là haut !
Pfouu .....! Ca commence bien à froid comme ça
Aller, on boit un coup et on continu à évoluer ......... au bout d'un km ou deux on distingue de la fumée qui s'échappe de derrière la montagne, plus on roule plus on s'en approche et plus elle est importante ! Perso je veux pas aller faire rôtir mon élef

et j'ai pas non plus envie de recevoir le contenu d'un canadaire sur le coin de la figure.

En continuant la piste on se rendra compte qu'il s'agit en fait d'un feu préventif déclenché et contrôlé par les autorités forestières locales, d'ailleurs étonnées que l'on soit passer pas ce côté là de la piste, eux ne passent plus avec les 4x4 et viennent du coté ouest.
On laisse les motos sur la piste et allons voir ça à pieds.

vu de plus près

un peu plus encore, à la distance où on était on sentait tout de même bien la chaleur
De l'autre côté c'est plus calme

C'est caillouteux dans le coin

Au loin le Monte Cinto, plus haut sommet de l'ile
En repartant je fais 200 mètres, le bif ratatouille et fini par tourner sur un cylindre, l'arrière. J'ai certainement claqué une bougie, je sors les outils pour la remplacer et surprise j'ai pas la bonne clé, Manu m'a changé les bougies sans me le dire et celle qu'il a mis ont un hexagone de 16 et non 18, Pierre et Kévin sont aussi en 18

, on essai d'écraser une clé de 18 à coup de marteau mais ça marche pas, j'enroule de la toile émerie autour de la bougie pour combler le jeux mais nada. Je descendrai donc moteur éteint (sauf dans les parties plus plates) en roue libre pendant plusieurs km en espérant trouver une solution en bas dans un village (heureusement que c'est arrivé en descendant juste après la crête)

La piste se termine au village de Lainosa dans le canton d'Olcani, là nous rencontrons un papy en charentaise à qui j'explique mon déboire (le deuxième de la journée tout de même

et il y en aura un autre le lendemain

), lui n'a pas d'outil pour ça mais il m'invite à le suivre pour fouiner dans le garage d'un voisin qui n'est pas là mais tout reste ouvert, ici c'est tout petit, tout le monde se connait et effectivement je trouve mon bonheur et change ma bougie, ça redémarre sur deux pattes .... ouf
En tapant la causette avec mon sauveur, on se rend compte que c'est un peu lui le chef du village, selon lui les petits villages perdus du Cap Corse sont oubliés de l'administration, quand ils font des demandes, ils n'ont pas de réponse, donc ils font comme il veulent, "ici c'est moi le chef !" ........... Ça aussi c'est la Corse
Nous rejoignons la roue de la cote ouest, le but étant de faire une virée dans le Cap et être le soir à Canari pour loger chez une connaissance de Pierre, c'est moins roots mais pas désagréable, surtout que ça sera l'occasion pour moi de faire une rencontre extraordinaire.
Nous suivrons la route et décidons comte tenu de l'heure de nous laisser tenter par la carte du restaurant "le chat qui pêche" non loin de la Punta di Canelle
Pas donné mais les poissons, calmars, poulpes sont succulents, on s'est régalé, le tout sur une terrasse avec une vue .......

Toujours le Cinto et ses potes au loin
Bien repu on continu, trouvant une piste qui monte dans la colline mais débouchant nul part

.
On aperçoit en bas la Marine de Giottani, on y descend !
Une envie de baignade nous prends
Malheureusement l'eau est pleine de petites méduses violettes, mortes ou vivantes, je ne leurs est pas demandé

pour la baignade c'est mort, frustré nous sommes
On profitera dix minutes de la plage de galet avant de reprendre notre route

Il aime bien faire le V le kévinou
La cote est belle et escarpée
On décide de repasser sur la cote est du Cap pour monter plus haut et redescendre à Canari ensuite par l'ouest.
Nous traverserons donc principalement par les routes, fortes sympathiques, ponctuées de quelques chemins en impasse, soit fermés, soit vraiment trop difficiles, pour arriver à l'est à Santa Severa et là la frustration de Giottani sera oublié !
Pas de méduse, l'eau est belle, pas chaude (14/15) mais on y va !
Pour vous mesdames !!
En arrière plan on aperçoit l'Italie
La suite sera de longer la cote et essayer de rejoindre des pistes qui part de Marcinagio pour rejoindre la pointe du Cap, mais ça sera mission impossible, interdit et fermé au véhicules à moteur. On prendra bien quelques chemins dont certains assez hard qui nous mèneront sur des sommets de collines mais ça s’arrêtera là, le chrono tourne aussi, on veut aller en haut et ne pas arriver à Canari à 22 h.
Après avoir jardiner dans les collines de la baie de Tamarone on reprend le bitume jusqueç Boticella puis direction le nord pour voir l’extrême nord de l'ile.
L'ile de la Giraglia
On a plus le temps de pousser jusqu'à la Punta d'Agnello, c'est pas grave .......... Cap sur canari et trouver la maison de Katia qui nous accueille ce soir, on a pas réussi à la joindre par téléphone
On arrivera chez elle vers 19h00, pile poil pour une petite douche (je vous rappel que l'on s'est pseudo lavé dans un cour d'eau très froid, et idem au lavabo des chiottes du ferrie que l'on a monopolisé pendant 1/2 heure sans parler de l'odeur de pied

) une mousse

et ensuite elle nous invitera au resto d'à coté (où finalement c'est nous qui l'inviteront, faut pas abuser

)
Une femme extra, 71 ans mais on dirait pas, elle a fait partie d'une équipe de France de parachutistes, et aimerai bien refaire quelques sauts, mais elle trouve les voiles d'aujourd'hui "trop facile"
Elle a toujours vécu en Afrique (en tout et pour tout 6 ans en dehors), en brousse plus précisément, elle était guide animalière, en Namibie, au Bostwana, Rwanda ...... et a participé à l'écriture de livre sur l'Afrique.
Sa vrai famille est selon elle les éléphants, les rhino, les félins avec qui elle a partagé de longs moments là bas, on a vu des photos époustouflantes avec ces animaux
Pas de maison là bas, que des cabanes qu'elle construisait elle-même, avec toutes les astuces pour se protéger notamment des hyènes qui la nuit viendrait bien vous bouffer

Puis son Land Rover aménagé par elle même pour sillonner le pays .......... bref ce petit bout de femme par son parcours et sa façon de voir les choses ne peut laisser indifférent.
Elle vit ici pour sa retraite, un peu perdu dans le Cap Corse, car elle ne supporte pas l'ambiance du continent en revenant de la brousse, et si elle n'avait pas trouvé une location meublée vraiment pas chère elle voulait se faire une cabane dans le maquis............ on se refait pas
Chez elle tout est "récup", des étagères fait avec du polystyrène d'électroménager divers, des poubelles en bidon de pétrole, l'eau qui coule avant d'avoir l'au chaude est récupérée dans des bassines et servira pour le chien par exemple ou les plantes ....... bref à l’africaine, et d'ailleurs je retrouve chez elle des similitudes avec Pierre qui lui a passé son enfance en Afrique noire.
Voilà avec quoi elle roule .

Et enfin un qui fait honneur à sa nouvelle contrée d'adoption

Sous les sièges se cache une machette de 50 centimètres, les habitudes ont la peau dure
Dodo demain il fera beau et chaud, mais la journée va commencée de manière particulièrement stressante pour moi ...............