Vendredi 16 AVRIL 2010
Nous démontons une dernière fois notre tente. Gégé va payer le camping pendant que je fixe les derniers bagages. Au retour, il pose ma carte d’identité sur mon top-case
L’embarquement sur le ferry à Bastia se fait ce soir à 18h30.
Nous quittons la Sardaigne à 10h et arriverons à Bonifacio à 11h.
C’est le cœur lourd que nous quittons le camping avec une petite heure d’avance, ça nous laisse une marge au cas où…
Sur la longue ligne droite, nous roulons tranquillement, les images se bousculent dans ma tête et subitement après 7-8 kms j’ai une révélation. J’ai oublié de ranger la carte d’identité posée sur mon top-case, elle est forcément tombée lors du demi-tour effectué dans le camping

J’accélère un grand coup pour dépasser Gégé, je m’arrête pour lui annoncer la nouvelle.
Il me demande de vérifier quand même dans mon portefeuille mais je sais qu’elle n’y est pas.
Afin de ne pas le contrarier d’avantage, je descends de la moto et là, j’aperçois ma carte d’identité coincée entre le top-case et mon gros sac baluchon fixé sur la selle. Miracle de l’aérodynamisme…

Quel grand coup de bol, elle aurait pu s’envoler maintes fois sur la route et aurait été introuvable par la suite.
Ils la demandent pour enregistrer les passagers lors de l'achat des billets de traversée Sardaigne-Corse, ….un acte manqué qui traduisait très bien mon envie de rester en Sardaigne et de refaire un tour !
Nous finissons par arriver largement en avance sur le petit port d’embarquement et serons accompagnés d’une classe d’ado.
Gégé en profite pour faire sa page d’écriture quasi quotidienne...

Gabian en profite pour voyager gratuitement
Ciao Sardegna !

Et la Corse nous tend ses bras avec ses cimes toujours enneigées

Nous devrions faire le plein d’essence à la descente du bateau mais à 1,53/litre, c’est exagéré, 10 cts de plus qu'en Sardaigne
Nous verrons plus loin et histoire de ne pas s’emmerder sur la nationale qui monte à Bastia et vu que nous avons encore de la marge nous reprenons la direction des aiguilles de Bavella mais en passant par Levie cette fois-ci.
Mon éléfant est heureux d’avoir retrouvé toute sa fougue et il s’amuse sur les petites routes

Ce sursaut d’énergie lui donne très soif et je tombe sur la réserve…aïe, aïe, aïe…il n’y a pas beaucoup de stations dans les montagnes…
Nous traversons plusieurs villages sans stations, je ralentis le rythme, je fini par couper le moteur dans les descentes de col..et hop, 5 kms de gagnés !
Dans le village de Levie, Gégé demande où est la prochaine station. On lui répond qu’elle se trouve à la sortie du village à 2kms mais qu’elle est très certainement fermée à cette heure-ci. Il est 12h17, nous fonçons et effectivement elle est fermée de 12h15 à 13h30. Retour au village, nous n’avons pas le choix. Ca fait 40 kms que je suis sur la réserve…nous mangerons tranquillement au resto du village en attendant qu’elle ouvre
Le repas est bon mais le serveur nettement moins souriant et aimable que les sardes. Bienvenue en France
Là, on ne sait pas trop qui a coincé l'autre

Il fait toujours aussi frais sur le col de Bavella

On savoure ces derniers virages qui nous tendent les bras, on s'en imprègne
Le retour sur Bastia s’est fait de manière bien triste…de longues lignes droites en roulant aux allures légales. Jamais vu autant de contrôles radars mobiles et en véhicules banalisés (moto et auto) A raison d’un flic planqué dans les buissons tous les 6-7 kms, pas le choix, tu t’adaptes

J'ai fini par les trouver ridicules à la fin
80 kms dans ces conditions, c’est très long et très ennuyeux…surtout lorsque ça bouchonne sévèrement sur les 15 derniers kms. S’agit pas d’être à la bourre en voiture, le jour où tu dois prendre le ferry !
Nous sommes à Bastia vers 17h30, une heure d’avance. Une dernière coupe de glace sur le port et c’est bien tristes que nous rejoignons l’énorme ferry de Mobylines qui va engloutir nos éléfants et nous ramener à Toulon
La traversée se passera aussi bien au retour qu’à l’aller, nous squaterons encore une fois les fauteuils pour dormir et il fera très frais le samedi 17 avril lorsque nous débarquons à Toulon à 6h30. Plus frais encore sur la route du retour, j’ai les mains gelées, le cerveau embrumé, les souvenirs se mélangent déjà
Arrivés à Sausset à 8h30, ne surtout pas faire de bruit, notre cadette dort encore à cette heure-ci. Nous entrons sur la pointe des pieds pour découvrir une très belle surprise.Elle nous attend déjà avec sa grande sœur venue spécialement et avec le petit-déjeuner tout prêt ! Un très beau moment qui nous permettra de partager de suite nos impressions et de leur conseiller vivement d’aller visiter cette île hors du temps avec ses autochtones si charmants.
La maman de Gégé qui est italienne, a visité la Sardaigne en 1985. Elle nous avait dit avoir pleuré d'émotion devant tant de beautés aperçues, je réalise et comprends maintenant seulement ce qu’elle pouvait ressentir.
Tout y est beau, tous les sardes sont gentils, même les automobilistes que nous croisions nous faisaient des grands signes, les bergers s’arrêtaient pour discuter, les ados que nous voyions dans les cafés nous saluaient chaleureusement, le patron plaisantait avec nous, on nous indiquait souvent des belles routes à prendre, des choses à voir.
On a le sentiment que tout le monde est disponible, que le temps n’a pas d’importance, par contre, ils s’excusent de vous prendre votre temps à vous. C’en est presque hallucinant. Un autre monde qui va cruellement nous manquer à notre retour en France. Comment les étrangers nous perçoivent-ils, nous français, quand ils viennent visiter notre pays
J'espère qu'ils tombent sur des exceptions, des gens disponibles et surtout souriants
Mon compte-rendu est particulièrement long et détaillé (désolée

) mais j’avais envie de vous faire partager tout cet amalgame de gentillesse, bonté et beauté sarde. Je ne m’en lasse pas, merci d'avoir lu jusqu'au bout
P.S : et même pas mal au dos pendant les 3.000 kms parcourus, la moto c'est la meilleure thérapie

La seule chose qu'on est sûr de ne pas réussir est celle qu'on ne tente pas - P.E Victor