Plusieurs possibilités s’offrent à nous pour aller à Sinj qui ne se trouve qu’à environ 50 kms par la voie la plus directe,
dans l’arrière-pays derrière Split. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et surtout prendre son pied ?
Nos compteurs afficheront plus de 90 kms à l’arrivée et il nous aura fallu plus de 6 h pour faire une plus ou moins grande boucle
(avec quelques pauses pour admirer les paysages et manger à midi quand même, hein

Evidemment nous prenons l’option de la route la plus viroleuse pour quitter la côte, nous nous dirigeons vers Kastela,
entre Trogir et Split et attaquons la montée.
Un beau point de vue s’offre à nous, nous décidons d’y monter

et prenons conscience qu’il s’agit en fait d’un mémorial dédié aux victimes d’un tragique mois d’août de 1993.
Tout le long du parcours, des croix alignées de chaque côté, portant le nom et les dates de naissance + décès.
Il y en a beaucoup trop et ils étaient tous beaucoup trop jeunes…

La vue qui s’offre à nous de part et d’autre de cette crête est splendide, d’un côté la mer,
de l’autre les montagnes et la vallée qui semble bien déserte….

Au lieu de pointer directement sur Sinj qui se trouve plein nord nous remontons vers l’ouest, direction Drnis.
Très vite les panneaux n’indiquent plus du tout ce que nous cherchons et c’est tant mieux.
Nous nous retrouvons tous seuls à la campagne sur des routes très étroites bordées de murets de pierre…
on dirait le sud, celui de chez nous !
Gégé nous guide d’après le soleil dans la bonne direction, mais les routes ne vont pas toujours dans le bon sens
Après la ville de Drnis, nous bifurquons plein nord vers le lac Perucko que nous allons ensuite longer plein sud vers Sinj….
je vous ai dit que c’était un peu confus !
D’un coup, nous voilà téléportés sur la route 66…une longue ligne droite désertique sans fin s’étire devant nous.
Pourvu que ça ne dure pas trop longtemps…
Au bout de 5-6 kms, enfin un virage à droite avec d’un coup des paysages grandioses qui nous sautent à la figure

Nous sommes sur un plateau dominant toute la région et la route descend de l’autre côté vers le lac
Nos estomacs grognent, il est plus de 14h faudraient les calmer un peu…

ce sera chose faite dans un resto routier sur les bords du lac où pour 10 euros, nous avons chacun des portions pour 3 routiers au moins.
La prochaine fois, j’emmène des tupperwares en vacances afin de stocker la bouffe en trop et nous la resservir le soir…
Nous avons horreur du gaspillage donc nous mangeons toujours tout et après il faut faire du step pour éliminer


Pas le moindre camping dans cette région, ni à Sinj où plus de 100.000 pélerins sont attendus
La ville est en effervescence, plusieurs chapitaux sont installés et des cochons tournent et grillent inlassablement sur les broches...
Lorsque nous nous promenons dans cette ville à la recherche d’un hébergement, je dis en plaisantant à Gégé que nous pourrions planter la tente dans les espaces verts, y a plein de place.
Les hôtels profitent certainement de l’occasion pour gonfler les tarifs…70 euros/nuit c’est pas très catholique tout ça !
Nous finissons par trouver une pension abordable à l’extérieur de la ville (30 euros)
Sinj n’est pas seulement réputée pour son pèlerinage du 15 août dédiée à l’icône de la sainte vierge de la Miséricorde mais également et surtout pour son tournoi équestre de l’Alka qui se tient le premier week-end du mois d’août.
Selon la légende, le chef Turc Mehmed-Pasha Čelić, rassemble 60 000 à 70 000 soldats pour soumettre la région le 23 juillet 1715. La ville de Sinj refuse de se rendre. Il n'y a pourtant que 700 croates pour affronter cette armée. Les habitants de la ville, accompagnés de 8 moines, se mettent à prier la Mère de la Miséricorde, Notre-Dame de Sinj. Après plusieurs combats, la défaite des habitants de Sinj semblait inéluctable. Mais dans la nuit de la veille de l'Assomption, les Turcs s'enfuirent en laissant sur place 10 000 morts. Ils auraient été effrayés par une épidémie qui les frappa durement et racontèrent qu'ils avaient vu plusieurs fois une figure de femme dans un halo de lumière, qui marchait sur leurs bastions.
Cet évènement a donné naissance, à l'alka et à un pèlerinage qui s'y déroule le 15 août.
Les compétiteurs appelés Alkar tentent d’atteindre au galop un anneau divisé en 3 triangles suspendu à un fil.

Nous avons la chance d’assister à une séance d’entrainement pour les enfants et ils prennent ça très au sérieux.


Le patron de notre pension nous conseille vivement d’aller voir la source résurgente de la Cétina,
une eau minérale que nous buvons depuis notre arrivée dans ce beau pays.
Elle se trouve à environ 40 kms à l’autre bout du lac
14/08
Nous reprenons la route en longeant le lac Perucko de l’autre côté afin de ne pas prendre la même route que la veille pourtant très chouette.
Nous croisons beaucoup de pélerins qui rejoignent Sinj à pied et qui nous font signe !
Un peu avant le lac, un paysan nous confirme que nous sommes sur la bonne route….

route qui va se transformer en piste 1 km plus loin et longer le lac sur plus de 20 kms et même après....





Nous retrouvons le bitume au pied des Alpes dinariques.
On a le sentiment d’être en Mongolie, tellement c’est vaste, désert et silencieux.
Si je n’avais pas peur d’avaler plein de moustiques, je roulerais la bouche grande ouverte….
alors je me contente d’ouvrir grand les yeux, de ralentir et d’enregistrer le maximum de détails.
Mais ça ne suffit pas, alors on s’arrête, histoire de vérifier que c’est bien réel,
on envoie (encore) des mms à nos filles afin qu’elles en profitent aussi, qu’elles partagent avec nous ces moments exceptionnels

Un peu plus loin, des pistes partent un peu dans tous les sens…

Gégé est devant, il s’arrête et me demande si on y va malgré le manque de précision de notre carte et l’absence de gps.
Quelle question idiote

De toutes façons, c’est relativement plat et dégagé dans le coin, je ne vois pas ce qu’on risque.
Quand on fait le choix de prendre une piste plutôt qu'une route, il faut accepter de s'y perdre et nous on aime ça

Et c’est ce qui se passe, pas important, on s’est bien amusés pendant 1 bonne heure, nous n'avons pas beaucoup avancé mais nous retrouvons finalement la route un peu plus loin.
Elle nous mènera à la source en passant devant un cimetière avec la seule église en Europe du IX siècle en aussi « bon état »
Il ne lui reste que les 4 murs, une partie du clocher mais il n’y a plus de toît
Dans un recoin, une bougie et des sous…une somme assez importante pour ce pays mais ici aussi la confiance et le respect règnent

Arrivés à la source, 3 kms plus loin, une jeune étudiante nous aborde en anglais et nous demande
si on veut en savoir un peu plus sur la région. Nous acceptons volontiers
Elle étudie à Zagreb et passe toutes ses vacances chez sa grand’mère avec qui elle est venue pour remplir
des bouteilles d’eau comme le font tous les habitants du petit village d’à côté.
Je lui demande pourquoi les inscriptions sur les tombes du cimetière sont toutes en cyrilliques.
Elle nous explique que nous nous trouvons dans une enclave serbe et je comprends pourquoi les villages alentours sont tous détruits…
L’eau de la source n’est qu’à 17 degrés et sa couleur est impressionante


